Nos Enchanteurs - 12 septembre 2015
Natasha Bezriche, main de Ferré, gant de velours
Concert Rouge Ferré, Cave du Hublot, Aix en Provence 4 septembre 2015,
Il y en a qui pensent qu’une femme ne peut pas chanter Léo Ferré. Bêtise et manque de culture, puisque les premières chansons du susdit ont été connues grâce à des femmes, en premier Catherine Sauvage.
Natasha Bezriche a tellement fait sien le répertoire de Ferré qu’elle le respire naturellement.
Cave du Hublot. Le pianiste et co-chanteur, Sébastien Jaudon, se hisse courageusement sur scène avec ses béquilles, et nous jouera de son clavier, jambe plâtrée à l’horizontale sur son coussin. Sans que cela ne nuise en rien à la perfection de son accompagnement.
Toujours les gentils mais gênants commentaires des habitués du (beau !) bar du caveau, où le Côte de Provence coule à flot même pendant le concert. Ça ne dépare pas l’atmosphère des chansons de Léo, dont beaucoup ont pour décor des bouges obscurs, mais il faut une sacrée dose de professionnalisme pour ne pas se laisser distraire.
La fine silhouette de Natasha, de rouge et noir vêtue, son visage de brune expressive dégagent sous la fragilité apparente une grande énergie, mais aussi tendresse et douceur. Toutes les nuances de la féminité jointe à une force et une sérénité naturelle. Et une voix modulée, tout à tour grave et claire, murmurée ou puissante, qui coule de source.
Des chansons bien connues des aficionados de Ferré, Les Anarchistes, Ni Dieu ni maître : une ampleur, une diction et une expressivité sans faille. Ostende : la bière y roule, le piano de Sébastien y pleut avec toutes ses gouttes. Comme dans ces cieux belges, on se noie dans les yeux de la barmaid « ni gris ni verts. » Jusqu’à l’Affiche rouge qui débute a capella, avec une légère ponctuation du piano, avant de prendre son ampleur. On est fascinés par sa main, levée et bougeant à peine, juste assez pour imaginer la scène…
Le cadeau de La Marseillaise, « Arrête un peu que j´vois / Si les étoiles couchent avec toi / Et tu m´diras / Combien j´te dois », où d’autres paroles beaucoup plus crues passent sans encombre. Le chanté parlé, tout en douceur, de l’Ame te souvient-il sur le texte de Verlaine.
Natasha s’approprie surtout ces chansons moins connues, arrivant à faire passer les sulfureuses Pépée dédiée à la guenon de Léo qu’il traitait, dit-on, mieux que sa belle-fille, ou Petite, à la limite de la pédophilie, pour de pures chansons d’amour (ah, la douceur de ce « Tu reviendras me voir bientôt » !).
Son talent de comédienne s’épanouit dans ces courts romans que sont ces titres de Ferré, la Folie qui l’habite tel un nouveau Vincent, Marizibill sur le bref poème d’Apollinaire, « offerte à tous en tout mignonne », Le flamenco de Paris et son cante jondo, l’éclatant Bateau Espagnol, l’étonnante Les Fourreurs entonnée par Sébastien. Le Merde à Vauban de Paul Seghers, comme un pied-de-nez aux chansons trad’ qui parlent d’engeôlés à vie. Et puis Richard, tout à fait dans son cadre « Richard, ça va ?», tendre ballade pour l’esseulé qui noie son chagrin. Dans un gémissement de piano. Et le duo très apprécié sur le Monsieur William de Caussimon, où Sébastien prend le rôle principal. Plus de vingt chansons, et elle s’excuse de ne pas en chanter plus !
Tout le plaisir d’une grande interprète qui fait sien tous les répertoires, même si elle est aussi, ce que l’on sait moins, auteur compositeur. Enthousiasmant.
Toujours les gentils mais gênants commentaires des habitués du (beau !) bar du caveau, où le Côte de Provence coule à flot même pendant le concert. Ça ne dépare pas l’atmosphère des chansons de Léo, dont beaucoup ont pour décor des bouges obscurs, mais il faut une sacrée dose de professionnalisme pour ne pas se laisser distraire.
La fine silhouette de Natasha, de rouge et noir vêtue, son visage de brune expressive dégagent sous la fragilité apparente une grande énergie, mais aussi tendresse et douceur. Toutes les nuances de la féminité jointe à une force et une sérénité naturelle. Et une voix modulée, tout à tour grave et claire, murmurée ou puissante, qui coule de source.
Des chansons bien connues des aficionados de Ferré, Les Anarchistes, Ni Dieu ni maître : une ampleur, une diction et une expressivité sans faille. Ostende : la bière y roule, le piano de Sébastien y pleut avec toutes ses gouttes. Comme dans ces cieux belges, on se noie dans les yeux de la barmaid « ni gris ni verts. » Jusqu’à l’Affiche rouge qui débute a capella, avec une légère ponctuation du piano, avant de prendre son ampleur. On est fascinés par sa main, levée et bougeant à peine, juste assez pour imaginer la scène…
Le cadeau de La Marseillaise, « Arrête un peu que j´vois / Si les étoiles couchent avec toi / Et tu m´diras / Combien j´te dois », où d’autres paroles beaucoup plus crues passent sans encombre. Le chanté parlé, tout en douceur, de l’Ame te souvient-il sur le texte de Verlaine.
Natasha s’approprie surtout ces chansons moins connues, arrivant à faire passer les sulfureuses Pépée dédiée à la guenon de Léo qu’il traitait, dit-on, mieux que sa belle-fille, ou Petite, à la limite de la pédophilie, pour de pures chansons d’amour (ah, la douceur de ce « Tu reviendras me voir bientôt » !).
Son talent de comédienne s’épanouit dans ces courts romans que sont ces titres de Ferré, la Folie qui l’habite tel un nouveau Vincent, Marizibill sur le bref poème d’Apollinaire, « offerte à tous en tout mignonne », Le flamenco de Paris et son cante jondo, l’éclatant Bateau Espagnol, l’étonnante Les Fourreurs entonnée par Sébastien. Le Merde à Vauban de Paul Seghers, comme un pied-de-nez aux chansons trad’ qui parlent d’engeôlés à vie. Et puis Richard, tout à fait dans son cadre « Richard, ça va ?», tendre ballade pour l’esseulé qui noie son chagrin. Dans un gémissement de piano. Et le duo très apprécié sur le Monsieur William de Caussimon, où Sébastien prend le rôle principal. Plus de vingt chansons, et elle s’excuse de ne pas en chanter plus !
Tout le plaisir d’une grande interprète qui fait sien tous les répertoires, même si elle est aussi, ce que l’on sait moins, auteur compositeur. Enthousiasmant.